Ab Irato - Prewiew
J'ai précédemment eu l'occasion de parler du court-métrage "Ab Irato", alors en préproduction. Erwan Le Gac, jusqu'ici essentiellement assistant réalisateur, allait réaliser son premier film...
C'est chose faite.
Le tournage, toute première prod' d'Invasion film, s'est donc déroulé à Saint Augustin (un comble, vu le sujet du court!) entre le 28 mai et le 31 mai 2006. Il met en scène Philippe Petit, dans le rôle du "Padre", Sabrina Mokhbi, dans le rôle de Rose, et Michel Pagès, dans celui de Mourin. Kesako, Ab Irato? Un court d'une quinzaine de minutes narrant les aventures surréalistes de deux prêtres face aux à des démons pas si diaboliques que ça, aidés en cela par d'autres prêtres, eux-mêmes pas vraiment serviables. On le voit : c'est une comédie fantastique comme on aimerait en voir plus souvent. Un métrage où rien n'est vrai, où rien n'est faux, mais où tout est fou. C'est une petite oeuvre pleine de références - toutes respectueuses (on n'est pas dans Shrek) - des genres auquel il se réfère.
Mais un tournage, ce n'est pas simplement un film. C'est aussi un défi de tous les jours, doublé d'une aventure humaine, pour laquelle chaque participant, technicien, acteur, doublures, et figurant s'est donné à fond avec une énergie communicative. C'est simple : quand il s'est terminé, chacun s'est muté en orphelin du décor. Bien sûr, il y a eu des anicroches. Il y en a toujours. Un acteur ne peut pas venir ? Le régisseur est coincé ? Il faut faire sans. Il faut créer des sfx sur le plateau ? Alors on les fabrique avec trois fois rien pour en faire un immeuble. Il manque de la bouffe ? Pas de problème, MacChris et MacFateh sont là pour taper la brousse. Chaque problème, une solution, sous l'égide de Sir Erwan.
Une après-midi d'essai, trois nuits marquées : le 28, c'est la visite du décor et les essais caméra avec Sabrina Mokhbi (actrice talentueuse déjà vue dans "la petite graine", réalisé par Guillaume Pin, ici producteur et figurant sur le court). Le plateau est encore sans dessus dessous, mais la responsable des décors, Nathalie Metrot, avec l'aide des talentueux Christophe Cauvin et Bruno Vitti, met les bouchées doubles pour finir à temps. Ils y parviendront haut la main.
Le 29, dans la nuit, avec Fateh Mezlef et son amie, Yasmeen, j'assiste, en tant que "régisseur stagiaire adjoint" à mon premier tournage. Les plans sont tournés et l'on procède à la pose de maquillage pour l'actrice principale. David Scherer et Nibelle Nekki (qui commencent d'ailleurs à se faire un joli nom dans le métier) font preuve d'un tel professionnalisme que le maquillage se confond parfaitement avec les dessins de préproduction. Je fais dix mille allers-retour pour prendre cent mille photos, pas aussi réussies que celles que prendra Corinne, la photographe de plateau. Philippe Petit et Michel Pagès entrent dans la peau de leurs personnages. Il suffit d'une soutane pour l'un et d'un bouc pour l'autre et les voilà prêts pour le César (Bon, en exagérant un peu, ok...).
Le 30, c'est l'entrée en scène de Guillaume Pin, en griffu griffé, sous le regard hilare de son compère de toujours, Michael Massias (metteur en scène du Royaume des cendres, ici présent sur le plateau en tant qu'assistant réalisateur). Guillaume Pin fait ses vocalises et le voilà métamorphosé en prêtre à l'agonie. Le 31, après un barbecue fort sympathique, Sabrina et Philippe tournent leurs scènes "intimistes" dans le silence et l'obscurité, sous le regard admiratif de toute l'équipe. Erwan est tendu comme un slip, mais il s'en sort comme un chef. Les cafés vont et viennent, les paupières aussi. Tout le monde est crevé mais c'est le clap final.
Tous, nous nous retrouverons pour le pot de la fin, le 3 juin. Philipe s'est rasé de près. Sans ses poils, il est passé de l'ours à la fesse. C'est la signature en bas de page pour une histoire en quatre feuillets.
Le court est actuellement en montage. La première photo, en exclu, pas encore étalonnée, m'est tombée dans les mains. Erwan, royal d'entre les royaux, m'a fait une fleur : C'est moi, la première photo. Les figurants passent parfois en premier, que voulez-vous...